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Les sites de rencontres et moi : où cocher ‘j’ai vécu’ ?


Il est tard.

Le silence de mon appartement résonne comme un écho à ma solitude.

Divorcée. 51 ans.

"Sur le marché", disent certains avec une maladresse qui me fait sourire jaune.

Mais quel marché ?

Celui où les femmes de mon âge deviennent invisibles ?

L'autre jour, j’ai téléchargé une application de rencontres.

Une heure passée à fouiller ma galerie photo.

À chercher LA photo.

Celle qui me mettrait en valeur sans mentir.

Celle qui dirait : "Je suis encore là. Je suis encore femme."

Et puis j’ai abandonné.

Comment enfermer en une image cette bataille entre celle que j’étais et celle que je suis devenue ?

Un corps qui a bataillé depuis toujours contre les kilos ⚖️.

Une silhouette qui a oscillé entre régimes, espoirs, rechutes, culpabilité.

Un ventre marqué par les grossesses et les combats.

Trop, pas assez. Jamais "juste bien".

Dans la rue, les regards glissent sur moi.

Comme l’eau sur une vitre. ️

Je ne suis plus assez jeune pour captiver.

Ni assez âgée pour attendrir.

Juste là, entre deux âges, entre deux mondes, entre deux vies.

Ce matin, j’ai remarqué un nouveau pli au coin de mes yeux.

Les années s’impriment sur ma peau.

Mon corps raconte une histoire.

Mes grossesses.

Mes insomnies.

Mes éclats de rire.

Mes larmes.

Mais qui voudra la lire, cette histoire ?

Qui prendra le temps d’en tourner les pages ?

Je regarde ces hommes de mon âge.

Ils cherchent plus jeune.

Pas tous, c'est vrai.

Leur ventre arrondi ? On s’en accommode.

Leurs cheveux gris ? "Distingués."

Leurs rides ? "Du caractère."

Et nous ?

Nos hanches marquées par la vie.

Nos ventres qui ont porté la vie.

Nos traits qui racontent la vie.

On nous efface.

Les sites de rencontre nous réduisent à des cases.

️ Âge. Taille. Poids.

Mais où cocher pour dire "J’ai vécu, j’ai aimé, j’ai changé… mais je vibre encore" ?

À une photo, comme la galerie des "Nouveautés" sur le site de Zara.

Mes amies me rassurent : "Tu es belle, tu trouveras quelqu’un."

Même si cette phrase m'insupporte d'une certaine façon.

Mais ce n’est pas ça, le plus dur.

Ce n’est pas l’absence d’un homme.

C’est cette sensation d’être devenue transparente.

Comme si, passée un certain âge, on basculait de l’autre côté du miroir.

Celui où les femmes disparaissent doucement aux yeux du monde.

Mais quelque part, peut-être, il y a un homme qui saura voir.

Qui lira sur ma peau l’histoire d’une vie.

Qui comprendra que mes "imperfections" sont autant de chapitres précieux.

Que mes hanches plus larges ont bercé des enfants.

Que mes rides sont des cicatrices de résilience.

En attendant, j’apprends à danser seule dans ma cuisine.

À me regarder avec douceur.

À exister, même quand personne ne me voit.

À remettre dans ma vie ce qui m'apporte de la Joie, de la Vie.

Parce qu’à 51 ans, divorcée ou pas, je suis encore là.

Invisible aux yeux des autres.

Mais bien vivante sous cette peau qui change.

Alors, la prochaine fois que vous croiserez une femme comme moi, ne détournez pas les yeux.

Dites-vous : est-ce vraiment son âge ou son corps que vous ne voulez pas voir…

… ou la peur inconfortable de ce qu’elle vous renvoie sur le temps qui passe ? ⏳


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